Échanger des connaissances et des expériences sur les pratiques et la recherche sur la planification familiale post-partum (PFPP) intégrée afin d’éclairer la prise de décisions et d’accélérer la mise en œuvre des politiques et les programmes de passage à l’échelle de la PFPP intégrée pour l’amélioration de la santé du couple mère-enfant, tel est l’objectif de la Communauté de pratique (CdP) sur la PFPP intégrée à la Santé Maternelle Néonatale et Infantile (SMNI) et Nutrition. Étant l’une des communautés thématiques de pratique des 9 pays du Partenariat de Ouagadougou, elle est facilitée par un Comité Directeur composé des organismes suivants ; OMS, OOAS, SAGO, FP2030, Jhpiego USAID/WA, UNFPA/WCARO et IntraHealth/INSPiRE-BMGF).
La PFPP est une pratique éprouvée à haut impact, et l’OMS en 2014, recommandait de considérer la programmation de la planification familiale du post-partum (PFPP) comme partie intégrante des activités existantes de santé maternelle et infantile et de planification familiale. Créée en 2020, son objectif est de contribuer à l’accélération du passage à l’échelle de la PFPP intégrée à la SMNI-N dans la région ouest africaine francophone jusqu’à l’horizon 2030 et au-delà en vue de l’amélioration de la santé maternelle, néonatale et des adolescents et jeunes. En 2022, cette communauté de pratique, persévérante et grandissante, a tenu du 18 au 19 Mai 2022 au Togo, sa 3ème réunion régionale de plaidoyer, sur le thème « Faire avancer l’intégration de la PFPP, SMNI et Nutrition pour relever le défi de la couverture sanitaire pour la femme et l’enfant dans le contexte de crises sécuritaire et sanitaire en Afrique de l’Ouest ».
Ayant réuni les différentes parties prenantes de la PF des 9 pays du PO, la rencontre a été une opportunité de partager des informations scientifiques et des résultats d’études, d’apprécier les progrès des pays, les succès sur l’intégration des services PFPP, SRMNI Nutrition, et les défis nouveaux à relever, et de mobiliser les parties prenantes pour soutenir l’extension nationale de la PFPP intégrée dans les pays du PO.
L’intervalle de la naissance à la grossesse est moins de 23 mois dans 50 % ou plus des grossesses dans les pays à faible revenu et intermédiaire, et particulièrement en Afrique de l’Ouest francophone où 1 femme sur 34 court le risque de décès maternel au cours de sa vie et 34 nourrissons sur 1 000 ne survivent pas à leurs 28 premiers jours de vie.
L’OMS a recommandé la fourniture de soins de santé primaires intégrés centrés sur la personne si nous voulons relever les défis de mortalité dans la région Ouest Africaine et progresser vers la couverture universelle en soins de santé essentiels. Cette intégration augmenterait l’utilisation des services en réduisant les opportunités manquées. Les données des expériences récentes suggèrent que si la PFPP est abordée de façon continue sur toutes les périodes du continuum de soins prénatals: accouchement, consultation post-natale et vaccination / consultation nourrisson sain), elle a plus d’effet sur l’adoption de la PF que si elle est abordée seulement pendant une période donnée. Et, d’après Dr Triphonie Nkurunziza de l’OMS,
“Ce qui va se faire de manière concrète doit être centré sur le besoin de la mère et de l’enfant. Il ne faut pas qu’une femme qui vient pour la vaccination parte sans avoir des services de planification familiales et les autres services d’informations. Nous voudrions que tous les prestataires puissent donner tous les services centrés sur les besoins de la personne et centré sur la personne”.
La Communauté de Pratique PFPP intégrée à la Santé de la reproduction maternelle néonatale infantile (SRMNI) et à la Nutrition (Nut) en Afrique de l’Ouest soutient les pays de la région depuis 2020 pour mettre en œuvre et accélérer le passage à l’échelle de la PFPP intégrée à la SRMNI-Nut. L’ensemble de ces pays ont identifié des priorités stratégiques et ont développé ou mis à jour leurs plans d’action pour le passage à l’échelle de la PFPP intégrée à la SRMNI-Nut. La mobilisation des ressources internes et des partenaires financiers reste cependant un des principaux défis à relever dans la mise en œuvre en cours dans les pays. En ce sens, rassure Perri Sutton de la fondation Bill et Melinda Gates, “l’intégration PFPP est une priorité et moi, je m’engage avec les autres bailleurs pour créer les opportunités pour aider à accéder aux fonds nécessaires”.
Tenant compte de la situation sécuritaire précaire qui prévaut dans la région (Burkina Faso, Guinée, Mali, Niger, etc.), et en observant les femmes des milieux défavorisés et des zones d’insécurité, accéder à une formation sanitaire peut être difficile, voire impossible et/ou empreint de risque. Dans ces situations, il importe de promouvoir l’intégration des soins et de saisir l’opportunité de leur contact avec les structures ou équipes mobiles et communautaires pour couvrir l’ensemble de leurs besoins de santé. Par ailleurs, selon les estimations de l’Institut Guttmacher et de Global Financing Facility (GFF), la crise sanitaire liée à la pandémie de la COVID-19 pourrait entraîner une réduction potentielle de 10% de l’utilisation des services essentiels de SRMNI. Et, selon Dr Lokombe Tarcisse de l’OMS,
“pour bien intégrer les deux dimensions, il faut que nous organisions nos systèmes de santé et services en considérant l’approche de soins de santé primaire et en intégrant tous les aspects liés à la gestion des urgences qui passe par la prévention, la détection, la préparation, la réponse et le recouvrement”.
Au cours de la 3ème réunion régionale de plaidoyer de notre communauté de pratique, deux présentations ont été faites respectivement sur les résultats de l’étude dans 3 pays sur « la charge de travail des prestataires dans le cadre de l’intégration des services » par la méthodologie WISN de l’OMS (Workload Indicator of Staffing Need) et des résultats de l’étude sur « Satisfaction et perspectives des bénéficiaires » par interview à la sortie des clients (Exit interview). Ces deux études ont été menées par l’IRSS. Il est ressorti de la première étude qu’au Burkina Faso, les structures ont généralement un effectif suffisant en personnel de soins, en considérant la durée moyenne observée pour les prestations de services (DMO). Tandis qu’au Niger et en Côte d’Ivoire, les structures urbaines ont généralement un effectif suffisant mais les structures rurales (dispensaires et/ou maternité) présentent un déficit en personnel. A ce propos, Dr Alain Damiba de l’USAID estime que “pour que les programmes soient pérennes, pour qu’il y ait une appropriation des pays, il va falloir que la portion qui vient du pays soit beaucoup plus grande”.
“De façon générale, l’offre de services intégrés n’augmente pas de façon significative la charge de travail du personnel de santé. Les prestataires la trouvent salvatrice avec des services mieux organisés, globaux et améliorant leur performance et la satisfaction des clients, même si une frange des prestataires la perçoive comme une charge de travail supplémentaire (du fait des mauvaises conditions de travail – temps de travail pas toujours respecté).”,
a expliqué Maurice YAMEOGO, Chercheur à l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS).
Les systèmes de santé des pays ont tout intérêt à appliquer les directives de l’OMS dont l’objectif global est d’aider les gouvernements nationaux et les partenaires nationaux et internationaux à améliorer la conception, la mise en œuvre, les performances et l’évaluation des programmes, contribuant ainsi à la réalisation progressive de la couverture sanitaire universelle.