Comprendre les besoins et les droits des adolescents et des jeunes

La santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes est cruciale, en particulier pour les jeunes (âgés de 10 à 24 ans) qui représentent 1,8 milliard de personnes dans le monde. Depuis la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) de 1994, des progrès ont été réalisés pour améliorer l'AYSRH Mais de nombreux défis demeurent en raison des barrières sociales et des stratégies inefficaces. Récemment, des interventions efficaces comme l’éducation sexuelle complète et les services adaptés aux jeunes ont vu le jour, mais elles ne sont pas toujours mises en œuvre efficacement.

La planification familiale 2030 (FP2030) L'initiative appelle à un engagement significatif des jeunes (MYE) dans les programmes de santé sexuelle et reproductive (SRH), en intégrant les points de vue des jeunes pour garantir des interventions axées sur les jeunes. FP2030 met l'accent sur l'élimination des obstacles liés à l'âge et à l'état matrimonial et sur la défense de politiques inclusives.

Les mythes, les idées fausses et les préjugés persistants entravent souvent l'accès des jeunes aux services de santé sexuelle et reproductive. Les programmes de santé sexuelle et reproductive des jeunes visent à surmonter ces défis en rendant les services accessibles et en remettant en question les normes sociétales qui en restreignent l'accès. Cette approche permet aux jeunes de prendre des décisions éclairées en matière de procréation et d'améliorer leur bien-être général.

Qu’est-ce que l’engagement significatif des jeunes ?

Les jeunes sont des détenteurs de droits divers et la Convention relative aux droits de l’enfant garantit à tous les jeunes un droit à l’engagement significatif. L’engagement des jeunes signifie que les jeunes peuvent participer sur un pied d’égalité avec les adultes ou travailler de manière indépendante dans des organisations ainsi qu’à toutes les étapes de la programmation et de l’élaboration des politiques : conception, mise en œuvre, suivi et évaluation. Des mécanismes sont mis en place pour que les jeunes puissent jouer un rôle actif, dans lequel leurs voix sont entendues et respectées. 

Les programmes de l’AYSRH qui engagent les jeunes de manière authentique bénéficient de l’énergie, des perspectives uniques et nouvelles que les jeunes apportent à la conception des programmes, aident à éliminer les obstacles à l’engagement des jeunes dans leur diversité et garantissent qu’une attention appropriée est accordée aux problèmes qui pourraient autrement passer inaperçus pour les adultes. 

Engagement efficace des jeunes dans les programmes AYSRH met l’accent sur leur participation active, leur autonomisation et le développement de leurs compétences. Cela comprend l’exploitation de technologies innovantes pour faciliter l’engagement des jeunes, l’alignement des stratégies et des approches des programmes sur les besoins et les perspectives réels des jeunes et l’établissement de partenariats collaboratifs bilatéraux qui amplifient la voix des adolescents et des jeunes. La mise en œuvre d’approches transparentes et innovantes est essentielle pour répondre efficacement aux préoccupations des adolescents et des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive de manière significative et durable.

Engagement des jeunes peut aller de l'absence d'engagement à un véritable engagement ou partenariat des jeunes, le partenariat des jeunes se référant aux échelons 7 à 8 de Échelle de participation de Hart, lorsque les jeunes se voient accorder des rôles de leadership et du pouvoir, et que la prise de décision est partagée de manière égale avec les non-jeunes.

Stratégies pour un engagement significatif des jeunes et défis

L’engagement significatif des jeunes n’est pas seulement un mot à la mode, mais un principe fondamental qui peut favoriser le succès et l’impact des initiatives visant à améliorer la santé et le bien-être des jeunes.  

Explorons quelques stratégies clés pour un engagement significatif des jeunes dans la programmation de l’AYSRH, en nous inspirant des meilleures pratiques et d’approches innovantes. 

En tant que jeune professionnel spécialisé dans la recherche et les programmes adaptés aux jeunes liés à la SSRAJ, au genre et à la santé mentale en Éthiopie et dans les contextes internationaux, j'utilise souvent un outil puissant connu sous le nom de «fleur de participation”, développé par CHOICE for Sexuality and Education, pour parler de l’engagement des jeunes. Cet outil, qui utilise la métaphore d’une fleur en éclosion, illustre les diverses formes de participation des jeunes, fondées sur les droits et l’autonomisation (les racines) et soutenues par des actes de partage d’informations et de prise de décision partagée (la tige) qui conduisent à des résultats centrés sur les jeunes (les pétales). Cette métaphore sert également d’outil de réflexion précieux pour évaluer le niveau d’implication des jeunes dans les initiatives. 

Lors d’un récent atelier visant à améliorer la compréhension de l’approche MYE parmi les responsables de la mise en œuvre et le personnel du projet, j’ai animé un exercice avec d’autres jeunes en utilisant l’outil « Fleur de participation ». Les participants ont analysé des études de cas de scénarios courants dans les programmes pour les jeunes, estimant au départ qu’ils représentaient des pratiques d’engagement correctes. Cela a donné lieu à des discussions approfondies. Au cours de cette activité, un coordonnateur de projet adulte avec qui j’ai collaboré étroitement a pris un moment pour réfléchir à un incident passé où il soupçonnait que ses actions étaient peut-être symboliques. Il s’est adressé à moi en privé pour demander des éclaircissements et exprimer ses inquiétudes, démontrant ainsi un véritable engagement à comprendre et à améliorer son approche. Bien que je ne pensais pas que l’incident était symbolique, j’ai apprécié sa volonté de s’engager dans une auto-réflexion critique et un dialogue ouvert. Cette expérience a réaffirmé ma conviction quant à l’efficacité de l’utilisation de l’outil « Fleur de participation » avec diverses parties prenantes pour favoriser une meilleure compréhension et un engagement significatif des jeunes au sein des projets et des organisations.

La « fleur de la participation » souligne l'importance de reconnaître les droits et les besoins des jeunes dans leur participation, en soulignant l'importance d'impliquer les jeunes de manière authentique dans les processus de prise de décision et la mise en œuvre des programmes. ici. 

Qu'est-ce qui fonctionne et qu'est-ce qui ne fonctionne pas ? 

Impliquer les adolescents et les jeunes dans la prise de décision

Permettre aux jeunes de participer activement aux processus de prise de décision liés à la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes ne doit pas se résumer à un simple engagement de façade. D’après mon expérience auprès des adolescents et des jeunes, j’ai observé que de nombreuses organisations axées sur les jeunes et dirigées par des jeunes prétendent impliquer les jeunes dans la prise de décision, mais ne le font pas de manière significative. C’est un défi auquel j’ai moi aussi été confrontée. Un engagement véritable et significatif exige que nous renoncions à la nécessité de microgérer et que nous fournissions véritablement aux adolescents et aux jeunes les plateformes nécessaires pour diriger la planification, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des initiatives et des programmes. 

J'ai pu constater de mes propres yeux comment les programmes peuvent échouer, voire causer des dommages, lorsqu'il n'y a pas de partage du pouvoir entre les adultes et les jeunes. En prenant du recul, les adultes peuvent permettre aux adolescents et aux jeunes de définir les priorités et les activités en fonction de leurs besoins, ce qui se traduit par des programmes plus pertinents et plus réactifs, adaptés aux défis de leur communauté. Reconnaître les perspectives et les expériences uniques des jeunes participants leur permet de se sentir écoutés, valorisés et responsabilisés. Une telle approche collaborative favorise l'appropriation et la responsabilité mutuelle. 

Autonomisation et développement des compétences

En investissant dans le renforcement des capacités et le développement du leadership, les programmes peuvent favoriser un sentiment d’appartenance et d’action chez les jeunes, leur permettant de prendre en charge leur santé sexuelle et reproductive. En tant que jeune et responsable de la mise en œuvre de programmes expérimentés dans le travail avec les adolescents et les jeunes, j’ai constamment observé que certaines compétences telles que le développement personnel, la capacité de résolution de problèmes et l’entrepreneuriat sont celles qui reviennent sans cesse. Cependant, cela ne signifie pas que tous les adolescents et les jeunes sont homogènes et veulent la même chose, ni qu’il faut les nourrir à la petite cuillère d’informations et s’attendre à une acceptation passive. Au fur et à mesure que nous développons leurs compétences, nous devons également reconnaître que les jeunes possèdent leur propre expertise au-delà du simple fait d’être « jeunes ». Il est essentiel de ne pas supposer que, parce qu’ils sont jeunes, ils manquent de connaissances ou ont toujours besoin de renforcement des capacités et de développement du leadership. Nous pouvons évaluer leurs besoins en engageant des conversations significatives qui permettent aux adolescents et aux jeunes d’exprimer leurs besoins en matière de développement de compétences. Respecter et valoriser leur expertise existante est essentiel pour les responsabiliser et les impliquer de manière efficace.

Équilibrer l'innovation et la confiance dans l'engagement des jeunes 

L'utilisation des plateformes numériques, des applications mobiles et des médias sociaux peut faciliter la communication, l'éducation et la prestation de services, ce qui permet de se connecter plus facilement aux jeunes et de leur fournir des informations et un soutien pertinents. Bien qu'il soit passionnant de rechercher le meilleur outil, nous risquons de perdre de vue la résolution des problèmes réels si nous ne donnons pas la priorité à des relations authentiques et dignes de confiance avec les jeunes que nous souhaitons soutenir. Il est essentiel de trouver un équilibre entre l'innovation et l'instauration de la confiance pour un engagement véritablement efficace des jeunes.

Aligner les stratégies avec les besoins réels

L’adaptation des programmes de santé sexuelle et reproductive des adolescents aux besoins et priorités spécifiques des jeunes, en procédant à des évaluations des besoins, en écoutant les voix des jeunes et en adaptant les interventions en conséquence, peut mieux répondre aux besoins divers et évolutifs des adolescents et des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive. L’une de mes plus grandes erreurs a été de supposer qu’une approche universelle fonctionnerait. Par exemple, alors que je travaillais avec une organisation axée sur les jeunes, je me suis rendu compte que le conseil consultatif des jeunes avait été conçu avec une approche universelle, négligeant involontairement les besoins uniques des jeunes handicapés (JPH). Reconnaissant cette lacune critique en 2022, j’ai collaboré avec un groupe de membres du conseil des jeunes pour lancer un programme de santé sexuelle et reproductive des adolescents incluant les personnes handicapées. Cette initiative a comblé cette lacune en formant des professionnels de la santé à l’inclusion du handicap et à la langue des signes de base, et en facilitant les dialogues entre les JPH sur santé et droits sexuels et reproductifs. De plus, lors du lancement récent d’un autre conseil de la jeunesse, j’ai assuré la participation active des jeunes avec handicap en leur fournissant les aménagements nécessaires, comme des interprètes en langue des signes et du matériel en braille. De plus, lors de la formation du prochain conseil consultatif de la jeunesse, les anciens et moi-même avons veillé à inclure une représentation diversifiée d’adolescents et de jeunes, y compris des jeunes avec handicap, des personnes vivant en milieu urbain et rural, des personnes de divers milieux socioéconomiques et des groupes d’âge allant de 10 à 24 ans. 

Partenariats collaboratifs

En travaillant avec divers partenaires, les programmes peuvent tirer parti de l’expertise collective, des ressources et des réseaux pour amplifier l’impact des initiatives de l’AYSRH et créer un changement durable. Cette collaboration et ce travail en commun doivent être bidirectionnels. Le terme que j’aime et que j’utilise pour expliquer cette approche est le partenariat « jeunes-adultes » dans lequel les jeunes et les adultes sont impliqués de manière égale et partagent le pouvoir. Les adultes apprennent des jeunes tout comme les jeunes apprennent des adultes. 

Les défis d’un engagement significatif des jeunes

« L’engagement significatif des jeunes » est devenu une expression omniprésente, ornant d’innombrables propositions de subventions et d’organisations non gouvernementales (Les sites Internet des ONG. Pourtant, au-delà des slogans à la mode, combien d'adultes sont réellement prêts à renoncer au pouvoir et à accepter d'être mis au défi ? C'est une perspective inconfortable. Elle implique de renoncer au contrôle et de reconnaître que les approches traditionnelles ne sont plus suffisantes.

La mise en œuvre de ces initiatives n’est pas exempte de difficultés. Parmi les obstacles les plus courants, on trouve l’absence de programmes axés sur les jeunes, qui se traduit souvent par des initiatives qui ne parviennent pas à s’adapter aux besoins et aux complexités spécifiques auxquels sont confrontés les jeunes. Cette exclusion des processus décisionnels peut considérablement entraver l’efficacité des programmes, limitant leur capacité à répondre de manière adéquate aux divers besoins et obstacles rencontrés par les jeunes.

Un autre problème est le manque de ressources et de financement pour les efforts de MYE. Le MYE peut souvent nécessiter plus de temps et de ressources, en particulier en termes de temps de travail du personnel, et il est essentiel d’en tenir compte dans le budget et la mise en œuvre. L’autre problème est la gestion des attentes des parties prenantes, telles que les membres de l’équipe, les donateurs, les partenaires et les jeunes eux-mêmes. Il est essentiel de communiquer clairement quels sont les objectifs du programme et ce qu’ils ne sont pas. Cela implique d’expliquer que le programme n’est pas un produit final, mais un outil d’apprentissage qui aidera à itérer et à améliorer la solution.

Pour que les jeunes s'impliquent de manière significative dans la SRSA, il faut une véritable interaction avec les adolescents et les jeunes, adaptée à leurs besoins spécifiques, et favoriser une dynamique de pouvoir équitable. Il est essentiel de reconnaître que les adolescents et les jeunes ne sont pas des bénéficiaires passifs, mais des participants actifs dotés d'histoires, de connaissances et de capacités précieuses qui peuvent améliorer la programmation de la SRSA. En adoptant les avancées technologiques, en favorisant la confiance et en alignant les stratégies sur leurs besoins réels, nous pouvons affiner et personnaliser nos initiatives de SRSA. 

N’oublions jamais que les véritables détenteurs du pouvoir et bénéficiaires des programmes de l’AYSRH sont les adolescents et les jeunes eux-mêmes.