Type to search

Quick Read Reading Time: 7 minutes

Troisième Réunion régionale annuelle de la Communauté de pratique (CdP) sur la PFPP intégrée à la Santé Maternelle Néonatale et Infantile (SMNI) et Nutrition

Miser sur l’échange et le partage d’expériences pour favoriser l’accélération du passage à l’échelle de la PFPP intégrée à la SMNI-N en Afrique de l’Ouest francophone


Échanger des connaissances et des expériences sur les pratiques et la recherche sur la planification familiale post-partum (PFPP) intégrée afin d’éclairer la prise de décisions et d’accélérer la mise en œuvre des politiques et les programmes de passage à l’échelle de la PFPP intégrée pour l’amélioration de la santé du couple mère-enfant, tel est l’objectif de la Communauté de pratique (CdP) sur la PFPP intégrée à la Santé Maternelle Néonatale et Infantile (SMNI) et Nutrition. Étant l’une des communautés thématiques de pratique des 9 pays du Partenariat de Ouagadougou, elle est facilitée par un Comité Directeur composé des organismes suivants ; OMS, OOAS, SAGO, FP2030, Jhpiego USAID/WA, UNFPA/WCARO et IntraHealth/INSPiRE-BMGF).

Le problème de la PFPP dans la région

La PFPP est une pratique éprouvée à haut impact, et l’OMS en 2014, recommandait de considérer la programmation de la planification familiale du post-partum (PFPP) comme partie intégrante des activités existantes de santé maternelle et infantile et de planification familiale. Créée en 2020, son objectif est de contribuer à l’accélération du passage à l’échelle de la PFPP intégrée à la SMNI-N dans la région ouest africaine francophone jusqu’à l’horizon 2030 et au-delà en vue de l’amélioration de la santé maternelle, néonatale et des adolescents et jeunes. En 2022, cette communauté de pratique, persévérante et grandissante, a tenu du 18 au 19 Mai 2022 au Togo, sa 3ème réunion régionale de plaidoyer, sur le thème « Faire avancer l’intégration de la PFPP, SMNI et Nutrition pour relever le défi de la couverture sanitaire pour la femme et l’enfant dans le contexte de crises sécuritaire et sanitaire en Afrique de l’Ouest ».

Ayant réuni les différentes parties prenantes de la PF des 9 pays du PO, la rencontre a été une opportunité de partager des informations scientifiques et des résultats d’études, d’apprécier les progrès des pays, les succès sur l’intégration des services PFPP, SRMNI Nutrition, et les défis nouveaux à relever, et de mobiliser les parties prenantes pour soutenir l’extension nationale de la PFPP intégrée dans les pays du PO.

L’intervalle de la naissance à la grossesse est moins de 23 mois dans 50 % ou plus des grossesses dans les pays à faible revenu et intermédiaire, et particulièrement en Afrique de l’Ouest francophone où 1 femme sur 34 court le risque de décès maternel au cours de sa vie et 34 nourrissons sur 1 000 ne survivent pas à leurs 28 premiers jours de vie.

L’OMS a recommandé la fourniture de soins de santé primaires intégrés centrés sur la personne si nous voulons relever les défis de mortalité dans la région Ouest Africaine et progresser vers la couverture universelle en soins de santé essentiels. Cette intégration augmenterait l’utilisation des services en réduisant les opportunités manquées. Les données des expériences récentes suggèrent que si la PFPP est abordée de façon continue sur toutes les périodes du continuum de soins prénatals: accouchement, consultation post-natale et vaccination / consultation nourrisson sain), elle a plus d’effet sur l’adoption de la PF que si elle est abordée seulement pendant une période donnée. Et, d’après Dr Triphonie Nkurunziza de l’OMS,

“Ce qui va se faire de manière concrète doit être centré sur le besoin de la mère et de l’enfant. Il ne faut pas qu’une femme qui vient pour la vaccination parte sans avoir des services de planification familiales et les autres services d’informations. Nous voudrions que tous les prestataires puissent donner tous les services centrés sur les besoins de la personne et centré sur la personne”.

A meeting in a circular meeting hall with a large screen and stage on one side. Photo credit: La Communauté de Pratique PFPP intégrée à la SMNI/Nutrition
Photo credit: La Communauté de Pratique PFPP intégrée à la SMNI/Nutrition

Le rôle de la communauté de pratique dans l’effort d’améliorer

La Communauté de Pratique PFPP intégrée à la Santé de la reproduction maternelle néonatale infantile (SRMNI) et à la Nutrition (Nut) en Afrique de l’Ouest soutient les pays de la région depuis 2020 pour mettre en œuvre et accélérer le passage à l’échelle de la PFPP intégrée à la SRMNI-Nut. L’ensemble de ces pays ont identifié des priorités stratégiques et ont développé ou mis à jour leurs plans d’action pour le passage à l’échelle de la PFPP intégrée à la SRMNI-Nut. La mobilisation des ressources internes et des partenaires financiers reste cependant un des principaux défis à relever dans la mise en œuvre en cours dans les pays. En ce sens, rassure Perri Sutton de la fondation Bill et Melinda Gates, “l’intégration PFPP est une priorité et moi, je m’engage avec les autres bailleurs pour créer les opportunités pour aider à accéder aux fonds nécessaires”.

Tenant compte de la situation sécuritaire précaire qui prévaut dans la région (Burkina Faso, Guinée, Mali, Niger, etc.), et en observant les femmes des milieux défavorisés et des zones d’insécurité, accéder à une formation sanitaire peut être difficile, voire impossible et/ou empreint de risque. Dans ces situations, il importe de promouvoir l’intégration des soins et de saisir l’opportunité de leur contact avec les structures ou équipes mobiles et communautaires pour couvrir l’ensemble de leurs besoins de santé. Par ailleurs, selon les estimations de l’Institut Guttmacher et de Global Financing Facility (GFF), la crise sanitaire liée à la pandémie de la COVID-19 pourrait entraîner une réduction potentielle de 10% de l’utilisation des services essentiels de SRMNI. Et, selon Dr Lokombe Tarcisse de l’OMS,

“pour bien intégrer les deux dimensions, il faut que nous organisions nos systèmes de santé et services en considérant l’approche de soins de santé primaire et en intégrant tous les aspects liés à la gestion des urgences qui passe par la prévention, la détection, la préparation, la réponse et le recouvrement”.

An African woman standing outside holding a presentation poster. Photo credit: La Communauté de Pratique PFPP intégrée à la SMNI/Nutrition
Photo credit: La Communauté de Pratique PFPP intégrée à la SMNI/Nutrition

Des succès, défis et bonnes pratiques de l’intégration dans le contexte de crise humanitaire et sécuritaire

Au cours de la 3ème réunion régionale de plaidoyer de notre communauté de pratique, deux présentations ont été faites respectivement sur les résultats de l’étude dans 3 pays sur « la charge de travail des prestataires dans le cadre de l’intégration des services » par la méthodologie WISN de l’OMS (Workload Indicator of Staffing Need) et des résultats de l’étude sur « Satisfaction et perspectives des bénéficiaires » par interview à la sortie des clients (Exit interview). Ces deux études ont été menées par l’IRSS. Il est ressorti de la première étude qu’au Burkina Faso, les structures ont généralement un effectif suffisant en personnel de soins, en considérant la durée moyenne observée pour les prestations de services (DMO). Tandis qu’au Niger et en Côte d’Ivoire, les structures urbaines ont généralement un effectif suffisant mais les structures rurales (dispensaires et/ou maternité) présentent un déficit en personnel. A ce propos, Dr Alain Damiba de l’USAID estime que “pour que les programmes soient pérennes, pour qu’il y ait une appropriation des pays, il va falloir que la portion qui vient du pays soit beaucoup plus grande”.

“De façon générale, l’offre de services intégrés n’augmente pas de façon significative la charge de travail du personnel de santé. Les prestataires la trouvent salvatrice avec des services mieux organisés, globaux et améliorant leur performance et la satisfaction des clients, même si une frange des prestataires la perçoive comme une charge de travail supplémentaire (du fait des mauvaises conditions de travail – temps de travail pas toujours respecté).”,

a expliqué Maurice YAMEOGO, Chercheur à l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS).

Pour dissiper les perceptions d’une partie des prestataires sur cette charge perçue comme élevée, il est recommandé de :

  • Communiquer davantage avec les prestataires sur le fait que l’offre de services intégrés centrés sur la personne est la norme de prestation de soins de santé primaire (SSP) de qualité recommandée et elle n’augmente pas la charge de travail, mais impose le respect du temps de travail normal établi par l’administration publique.
  • Améliorer les conditions de travail des prestataires en assurant le minimum requis pour l’offre de soins de qualité dans les centres de santé.
  • Bien organiser l’offre des soins et le partage des tâches pour une meilleure rationalisation du temps ; et asseoir un système de reconnaissance de l’exemplarité.
  • Au niveau des structures rurales, afin de réduire la charge de travail lié au déficit en personnel (indépendamment de l’intégration), il faut augmenter le nombre de personnel;
  • Et /ou assurer une meilleure répartition du personnel entre le milieu urbain et rural Dans la seconde étude sur la satisfaction et perspectives des bénéficiaires présentée toujours par Maurice YAMEOGO, Chercheur à l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS), on retient globalement que la satisfaction a tendance à être meilleure sur les sites de mise en œuvre de l’intégration, malgré la proportion importante d’utilisatrices dans le groupe d’interventions qui jugent le temps d’attente long.

Cette satisfaction pourrait être davantage améliorée en réduisant le temps passé dans les centres, tout en assurant la qualité des soins, et surtout en communiquant avec les bénéficiaires sur les paquets de soins. Pour cela les chercheurs préconisent :

  • Améliorer l’organisation du circuit du client dans l’offre de services intégrés pour réduire le temps d’attente des utilisatrices.
  • Redéployer le personnel de santé dans les centres surtout ruraux où il est en déficit ; ou recruter localement pour augmenter le personnel afin d’assurer la fluidité de l’accès aux services et réduire le temps d’attente.
  • Renforcer les activités de communication auprès des bénéficiaires des services sur les paquets de soins intégrés, les bénéfices pour leur santé et celle de leur enfant et sur les dépenses par la réduction des déplacements.

Apercu des directives de l’OMS sur l’intégration des deux dimensions crise sécuritaire et sanitaire :

Les systèmes de santé des pays ont tout intérêt à appliquer les directives de l’OMS dont l’objectif global est d’aider les gouvernements nationaux et les partenaires nationaux et internationaux à améliorer la conception, la mise en œuvre, les performances et l’évaluation des programmes, contribuant ainsi à la réalisation progressive de la couverture sanitaire universelle.

De manière synthétique, on retient des composantes interdépendantes et synergiques pour la gestion en période de crise, qui tournent autour de :

  • Services de santé intégrés mettant l’accent sur les soins primaires et les fonctions essentielles de santé publique, des personnes et des communautés autonomes, une politique et actions multisectorielles.
  • Orientation des systèmes de santé vers les soins de santé primaires et renforcement de la gestion des risques d’urgence.
  • Les activités de sécurité sanitaire se concentrent principalement sur les structures et institutions nationales et centrales.
  • Nécessité de reconnaître et d’inclure les SSP dans les politiques, plans et programmes nationaux de gestion des risques d’urgence sanitaire.
  • L’importance d’inclure les responsables des soins primaires dans les mécanismes de planification et de coordination pour la gestion des urgences sanitaires à tous les niveaux.
  • Une approche toujours centrée sur les personnes,
  • Une communication proactive pour éviter la désinformation.
  • Le renforcement des capacités des agents en première ligne sur la préparation et la réponse ; recrutement/maintien d’un nombre adéquat d’agents,
  • L’amélioration des investissements financiers, des infrastructures, des réseaux d’information et d’approvisionnement.
Aïssatou Thioye

West Africa Knowledge Management and Partnerships Officer, Knowledge SUCCESS, FHI 360

Aïssatou Thioye est dans la division de l'utilisation de la recherche, au sein du GHPN de FHI360 et travaille pour le projet Knowledge SUCCESS en tant que Responsable de la Gestion des Connaissances et du Partenariat pour l’Afrique de l’Ouest. Dans son rôle, elle appuie le renforcement de la gestion des connaissances dans la région, l’établissement des priorités et la conception de stratégies de gestion des connaissances aux groupes de travail techniques et partenaires de la PF/SR en Afrique de l’Ouest. Elle assure également la liaison avec les partenaires et les réseaux régionaux. Par rapport à son expérience, Aïssatou a travaillé pendant plus de 10 ans comme journaliste presse, rédactrice-consultante pendant deux ans, avant de rejoindre JSI où elle a travaillé dans deux projets d’Agriculture et de Nutrition, successivement comme mass-media officer puis spécialiste de la Gestion des Connaissances.******Aïssatou Thioye is in the Research Utilization Division of the GHPN of FHI 360 and works for the Knowledge SUCCESS project as the Knowledge Management and Partnership Officer for West Africa. In her role, she supports the strengthening of knowledge management in the region, setting priorities and designing knowledge management strategies at the FP/RH technical and partner working groups in West Africa. She also liaises with regional partners and networks. In relation to her experience, Aïssatou worked for more than 10 years as a press journalist, then as an editor-consultant for two years, before joining JSI where she worked on two Agriculture and Nutrition projects, successively as a mass-media officer and then as a Knowledge Management specialist.

Isidore Sinkondo

Country Liaison Program Manager, IntraHealth Burkina

Spécialiste en Gestion de Projets, expert spécialisé dans les questions de coordination, management, renforcement des compétences et l’accompagnement des acteurs multi pays des ministères de la santé des pays du partenariat de Ouagadougou et de la CEDEAO et la société civile et, des professionnels de santé dans le domaine de la planification familiale et aussi de l’intégration des programmes PFPP, à la Santé de la mère et de l’enfant et à la nutrition. Isidore Sinkondo, est présentement Responsable programme en liaison avec les pays au niveau de IntraHealth Burkina depuis 2018. Il apporte un appui considérable au Secrétariat de la Communauté de Pratique sur l’intégration des services de la PFPP à la Santé de la reproductive, maternelle, néonatale, infantile (SRMNI) et la nutrition en Afrique de l’Ouest francophone, facilité par un Comité directeur regroupant les partenaires comme l’OMS AFRO, USAID/WA, l’UNFPA/WCARO, l’OOAS, FP2030, Jhpiego, la SAGO et IntraHealth.