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Q&A Reading Time: 6 minutes

Intégrer La Gestion Des Connaissances Dans Les Directives D’Autosoins Du Senegal


La version audio de cet article est fournie grâce à l’utilisation de la technologie alimentée par l’IA. Les voix sont générées par l’IA et ne représentent pas les auteurs ni leurs voix réelles.

Dans le paysage en évolution de la santé reproductive et de la planification familiale au Sénégal, l’intégration des pratiques d’auto-soins émerge comme une stratégie pivotale. Aissatou Thioye, une contributrice clé à cette initiative transformative, met en lumière l’importance des méthodes d’auto-soins pour les femmes et les familles au Sénégal. Des méthodes de planification familiale à la résolution des lacunes dans le secteur de la santé, Aissatou souligne le rôle significatif que joue l’auto-soin dans la réalisation des objectifs de santé. Le dialogue ultérieur avec Ida Rose Ndione explore l’intersection de la gestion des connaissances avec les lignes directrices d’auto-soins, illustrant comment le partage intentionnel de connaissances devient une pierre angulaire du succès de cette approche novatrice.

Quel est le lien entre l’auto-soin et les objectifs du Sénégal en matière de planification familiale et de santé de la reproduction ? Pourquoi les méthodes d’autosoins sont-elles une option importante pour les femmes et les familles au Sénégal ?

Aissatou Thioye: L’autosoin garantit l’amélioration de la couverture et de l’accès aux soins de santé de façon générale. Recourir aux pratiques d’autosoins devient importante pour les femmes quand on sait qu’elles intègrent aussi la volonté dans la prévention, l’information et l’utilisation des opportunités offertes. Une bonne éducation sanitaire des femmes et des jeunes filles est importante. Il y a aussi l’utilisation de méthodes de planification familiale comme les préservatifs féminins et masculins, les méthodes de PF naturelles, la prise de contraceptifs oraux, l’auto injection de contraceptifs et l’auto administration de l’Anneau Vaginal à Progestérone (AVP) (intervention en phase de mise à l’échelle). Ces initiatives au niveau personnel, encadrées par le personnel sanitaire, vont permettre d’améliorer l’atteinte des objectifs de la PF au Sénégal mais aussi, de combler d’une certaine manière ces manquements liés aux gaps dans le secteur de la santé et qui ont été cités précédemment.  Et enfin, un point spécifique aux jeunes et qu’ils aiment rappeler, c’est cette possibilité qu’ils ont de répondre à leurs besoins fondamentaux de santé reproductive à un coût réduit et sans préjugés. 

Quelle est l’importance des lignes directrices nationales sur les soins auto-administrés pour faire progresser la planification familiale et la santé de la reproduction ?

Aissatou Thioye: Le taux de Prévalence Contraceptive (TPC) qui a doublé de 2012 à 2020, passant de 12% à 26,5% avec une diminution du taux de Besoins Non Satisfaits (BNS) en Planification familiale de 29,4% à 21,7%. Malgré cette tendance évolutive, les objectifs ne sont pas atteints et, comme indiqué dans le guide national de l’autosoin du Sénégal, pour divers secteurs de santé, les gaps seraient liés à des défis importants qui sont, entre autres, l’insuffisance et la répartition inéquitable du personnel qualifié, le défaut d’intégration des services, le non-respect du continuum de soins, et l’inaccessibilité financière et/ou géographique aux services de santé dans certaines zones ou conditions.

Quel est le rôle de la gestion des connaissances dans les lignes directrices sur les soins auto-administrés ?

Aissatou Thioye: Comme mentionné dans le guide national de l’autosoin du Sénégal, le succès de la stratégie d’autosoin repose majoritairement sur la capacité des prestataires de soins à transférer des compétences, à encadrer et suivre les usagers, mais aussi sur l’habileté de ces derniers à s’auto prendre en charge conformément aux directives. Il est donc important d’initier une approche basée sur la littératie en santé. Ce qui sera confortée par un bon système de gestion des connaissances. Ce, quand on sait que la gestion des connaissances est une approche intentionnelle et systématique permettant aux individus de collecter des connaissances et des informations, de les organiser, de les mettre en relation avec d’autres et de les rendre plus faciles à utiliser.

Ce qui entre en droite ligne des opportunités qu’offre la gestion des connaissances qui est une approche systématique et intentionnelle qui appuie les projets et programmes, à collecter des informations et connaissances, à les organiser, à les connecter à d’autres et à les rendre plus accessibles et plus faciles à utiliser. A l’image de toute initiative de santé génésique, nous sommes à une ère où la gestion des connaissances formelle et intentionnelle est primordiale, j’insiste parce que l’intention est importante. A travers la gestion des connaissances, nous facilitons l’apprentissage mutuel dans le cadre du groupe des pionniers de l’autosoin du Sénégal et au delà, avec les pairs dans d’autres pays, produisons du contenu pour partager des connaissances, notamment à travers des blog posts, facilitons l’accès aux ressources aux différentes parties prenantes, etc. Et, ce qui est intéressant, c’est qu’au Sénégal, le groupe nourrit déjà cette culture de gestion des connaissances.

Comment Knowledge SUCCESS s’est-il associé au Sénégal pour intégrer la gestion des connaissances (GC) dans ses lignes directrices en matière d’autosoins (avec qui nous nous sommes associés, quel rôle avons-nous joué, à quoi a ressemblé le processus, etc.) 

Ida Rose Ndione: Le groupe des pionniers de l’autosoin du Sénégal est coordonné par PATH, en collaboration avec le ministère de la Santé, précisément la direction générale de la santé et la direction de la santé de la mère-enfant. Dans ce groupe, nous avons le plaisir de compter plusieurs partenaires dont PRB et Knowledge SUCCESS qui ont beaucoup collaboré, il y a SOLTHIS, Acdev, ANJSR/PF des organisations de jeunes, le réseau siggil jigeen, plusieurs organisations de la société civile, des associations de professionnels de la santé, etc. Cette mobilisation autour d’un essentiel sanitaire au profit de nos communautés fait appel, évidemment à la collaboration. C’est l’un des soubassement de la gestion des connaissances. Ainsi, à travers des présentations sur la gestion des connaissances pour une meilleure compréhension de cette dernière et des propositions concrètes sur l’impact que pourrait avoir la gestion des connaissances dans les priorités d’entame de ce groupe, Knowledge  SUCCESS a offert son appui. Ceci renforçait cette collaboration initiale avec la DSME, avec PRB, les partenaires jeunes, etc. Au regard de l’importance de documenter les expériences en termes d’autosoin au Sénégal, de partage d’expériences, d’apprendre des autres et de s’appuyer sur les bonnes pratiques pour aller de l’avant, d’avoir une bonne source documentaire et centralisée accessible à tous les membres du groupe, etc. Knowledge SUCCESS a travaillé avec PATH et PRB pour la création d’une bibliothèque virtuelle interne aux membres du groupe, co-organisé un atelier d’apprentissage pour l’élaboration d’un plan d’apprentissage, co-produit avec PATH un blogpost sur l’avancement de l’autosoin au Sénégal à l’issue de la finalisation du guide, participé au processus d’élaboration du guide national de l’autosoin dans lequel, avec JSI nous avons fourni le langage technique pour intégrer une composante apprentissage et gestion des connaissances, organisé un peer assist entre le Sénégal et le Nigéria et piloté un recap de cette activité par les participants, etc.

Avez-vous déjà constaté un impact de l’intégration de la gestion des connaissances dans les lignes directrices sénégalaises en matière d’autosoins ?

Ida Rose Ndione: Oui, comme j’ai dit plutôt, nous sommes tous déjà conscients de l’importance de gérer les connaissances pour un avancement sûr de l’autoisoin du Sénégal. Et ce qui est bien, ce groupe a initié depuis le début des réunions mensuelles tournantes, d’une organisation membre du groupe à une autre pour avoir le lead et partager des informations pertinentes à tous les membres, en virtuel ou en présentiel. Ce partage d’informations en continu, en 1h de temps, sous un format facile, c’est important. Tout le monde a l’opportunité d’être au même niveau d’informations, sur ce qui se passe dans notre pays, nos organisations et au-delà sur l’autosoin, de lancer des réflexions qui peuvent participer à faire avancer l’autosoin au Sénégal. Cette manière de faire permet à chaque organisation de se sentir impliquée et de montrer sa contribution sur l’autosoin.  

Quelle est la prochaine étape pour la gestion des connaissances et l’auto-soin dans la région de l’Afrique de l’Ouest ? 

Ida Rose Ndione: Au niveau du Sénégal, c’est une composante déjà systématisée que nous renforcerons avec l’implication de tous les acteurs. Nous allons continuer à veiller à appliquer les outils et techniques de gestion des connaissances à nos différentes activités. Ce que nous faisons est bâtie sur la base d’une collaboration, d’un apprentissage mutuel et continu, d’un networking. Donc, la gestion des connaissances va au- delà d’un groupe mais, prise en compte même par des parties prenantes désireuses d’en appliquer les approches.  

Ensuite, nous allons nous connecter davantage aux champions de l’autosoin au niveau régional et mondial, en mettant à disposition nos ressources, en organisant des activités de partage, d’apprentissage, etc. 

L’avenir de la gestion des connaissances dans les stratégies d’auto-soins.

En explorant les domaines de la gestion des connaissances, il devient évident que son application délibérée renforce l’efficacité des stratégies d’auto-soins. La collaboration entre le Sénégal et Knowledge SUCCESS dans l’intégration de la gestion des connaissances dans les lignes directrices d’auto-soins souligne l’engagement collectif à faire progresser la santé reproductive. L’impact est déjà tangible, avec une culture croissante de partage d’informations et d’apprentissage mutuel parmi les pionniers des auto-soins au Sénégal. En regardant vers l’avenir, l’intégration systématique de la gestion des connaissances continuera de se renforcer, non seulement au sein du Sénégal mais aussi dans toute la région de l’Afrique de l’Ouest. Le parcours vers des champions de l’auto-soin et une collaboration renforcée promet un avenir où la connaissance devient un outil puissant pour façonner le paysage de la santé reproductive.

Sophie Weiner

Program Officer II, Johns Hopkins Center for Communication Programs

Sophie Weiner is a Knowledge Management and Communications Program Officer II at the Johns Hopkins Center for Communication Programs where she is dedicated to developing print and digital content, coordinating project events, and strengthening capacity for storytelling in Francophone Africa. Her interests include family planning/reproductive health, social and behavior change, and the intersection between population, health, and the environment. Sophie holds a B.A. in French/International Relations from Bucknell University, an M.A. in French from New York University, and a master’s degree in Literary Translation from the Sorbonne Nouvelle.

Aïssatou Thioye

West Africa Knowledge Management and Partnerships Officer, Knowledge SUCCESS, FHI 360

Aïssatou Thioye est dans la division de l'utilisation de la recherche, au sein du GHPN de FHI360 et travaille pour le projet Knowledge SUCCESS en tant que Responsable de la Gestion des Connaissances et du Partenariat pour l’Afrique de l’Ouest. Dans son rôle, elle appuie le renforcement de la gestion des connaissances dans la région, l’établissement des priorités et la conception de stratégies de gestion des connaissances aux groupes de travail techniques et partenaires de la PF/SR en Afrique de l’Ouest. Elle assure également la liaison avec les partenaires et les réseaux régionaux. Par rapport à son expérience, Aïssatou a travaillé pendant plus de 10 ans comme journaliste presse, rédactrice-consultante pendant deux ans, avant de rejoindre JSI où elle a travaillé dans deux projets d’Agriculture et de Nutrition, successivement comme mass-media officer puis spécialiste de la Gestion des Connaissances.******Aïssatou Thioye is in the Research Utilization Division of the GHPN of FHI 360 and works for the Knowledge SUCCESS project as the Knowledge Management and Partnership Officer for West Africa. In her role, she supports the strengthening of knowledge management in the region, setting priorities and designing knowledge management strategies at the FP/RH technical and partner working groups in West Africa. She also liaises with regional partners and networks. In relation to her experience, Aïssatou worked for more than 10 years as a press journalist, then as an editor-consultant for two years, before joining JSI where she worked on two Agriculture and Nutrition projects, successively as a mass-media officer and then as a Knowledge Management specialist.

Ida Ndione

Senior Program Officer, PATH

Ida Ndione is a Senior Program Officer for PATH in Senegal where she leads work on self-care for sexual and reproductive health, as well as non-communicable diseases. She works with health private sector and provides technical support for the Ministry of Health in convening the Self-Care Pioneers Group and developing national self-care guidelines. Prior to this role, Ida served as PATH’s Monitoring & Evaluation Coordinator for the introduction of subcutaneous DMPA and provided support on research and institutional communications. She is member of the Prospective Country Evaluation team in Senegal, conducting mixt method evaluation for Global Fund programs on Malaria, Tuberculosis and HIV. She represents PATH Senegal in Several National and international Committee. Ida has fifteen years of experience working at the intersection of public health, sociology, and health policy and financing. She holds master’s degrees in public health and anthropology

Kiya Myers, MPS

Managing Editor, Knowledge SUCCESS

Kiya Myers is the Managing Editor of Knowledge SUCCESS’ website. She was previously the Managing Editor of CHEST journals at American College of Chest Physicians where she worked to transition the manuscript submission platforms and launched two new online-only journals. She was the Assistant Managing Editor at the American Society of Anesthesiologists, responsible for copyediting the column “Science, Medicine, and Anesthesiology” published monthly in Anesthesiology and ensuring adherence to peer review policies by reviewers, associate editors, and editorial staff. She facilitated the successful launch of Blood Podcast in 2020. Serving as the Podcast Subcommittee Chair of the Professional Development Committee for the Council of Science Editors, she managed the successful launch of CSE S.P.E.A.K. Podcast in 2021.