Photo : La méthode contraceptive DMPA-SC, qui peut être auto-injectée. Crédit photo : PSI
Que pouvons-nous faire ?
Durant et au-delà de l’épidémie de COVID-19, un système sanitaire ayant optimisé l’auto-prise en charge devrait donc envisager les points suivants :
- Il devrait être conçu autour de la continuité des soins, y compris l’auto-prise en charge, en reconnaissant que les liens au système sanitaire resteront souvent les mêmes, et devront être adaptés aux besoins : suffisamment solides pour garantir aux clients des soins de qualité, mais suffisamment flexibles pour éviter que les clients ne soient empêchés d’accéder aux meilleurs soins de santé que l’auto-prise en charge est en mesure de fournir. La continuité peut comprendre l’usage de solutions de santé digitale, comme celles utilisées aujourd’hui pour soutenir les usagers à domicile tout en protégeant les personnels de santé du COVID-19.
- En plus de l’approche de continuité des soins, cette auto-prise en charge gardera à l’esprit une approche systématique à la sureté et à la qualité des soins, avec des processus visant à assurer la compétence technique des personnels de santé et des personnes délivrant l’auto-prise en charge, de la sureté et satisfaction des clients, la qualité de l’information et des échanges interpersonnels. Le rôle unique d’informations crédibles et fiables est également crucial, pour répondre aux rumeurs, mythes, prévenir les pratiques dangereuses, et promouvoir les bonnes pratiques.
- Il reconnaitra le rôle des acteurs du système sanitaire dans la promotion et l’avancement de l’auto-conscience – plaçant les personnels de santé et les individus non pas en positions parallèles par rapport à la santé, mais plutôt en partenariat les uns avec les autres. Ceci exige que les personnels de santé adoptent un rôle actif dans la défense de l’apprentissage de la santé, l’auto-conscience, et la promotion de l’auto-prise en charge le cas échéant.
- L’auto-prise en charge devra également garder à l’esprit la couverture sanitaire universelle, pour que l’accès, la qualité, et l’équité ne soient pas compromis au milieu de la transformation rapide des systèmes sanitaires dans le cadre de cette pandémie. Particulièrement, le financement de l’auto-prise en charge demandera une discipline aussi complète que l’on applique au financement des systèmes sanitaires existants, justement parce que l’auto-prise en charge est une solution de système sanitaire.
L’auto-prise en charge, permettant aux individus de faire ce qui dépendait autrefois des personnels de la santé, aurait été une partie de l’avenir des soins de santé, indépendamment du COVID-19. Toutefois, afin de pouvoir naviguer la pandémie de COVID-19 et en ressortir avec des systèmes sanitaires et capacités de santé publiques plus robustes – et non pas plus fragmentés – il est de plus en plus important de trouver un équilibre entre auto-prise en charge et ce que l’on attend des personnels de santé et des systèmes sanitaires. Autant que possible, documenter et penser à cette transformation rapide sera également crucial pour tirer des enseignements de cette situation. Et s’il y a une lueur d’espoir dans ces temps difficiles, il s’agit du fait que par la nécessité, l’auto-prise en charge de qualité pourrait devenir mieux organisée, avec des meilleures ressources, et mieux appliquée. Les individus, ensemble, en sont capables.
Au sujet des auteurs
Cet article a été co-rédigé par des représentants de PSI et Jhpiego. Ces deux organisations utilisent rapidement des ressources existantes et émergentes pour répondre à la pandémie de COVID-19, et s’assurent également que la capacité des systèmes sanitaires soit maintenue dans les zones sanitaires critiques. À travers le Self-Care Trailblazer Group, soutenu généreusement par le Children’s Investment Fund Foundation (Royaume Uni) et la Fondation William et Flora Hewlett, PSI et Jhpiego bénéficient tous les deux de la sagesse collective et de l’élan émanant de nombreuses organisations travaillant dans le domaine de l’auto-prise en charge aux niveaux national et mondial, dont FHI 360, PATH, White Ribbon Alliance, IPPF, le Self-Care Academic Research Unit au sein de l’Imperial College London, Johns Hopkins University, SH:24, EngenderHealth, Aidsfonds, Voluntary Service Overseas (VSO), et bien d’autres.
La direction et le soutien technique de l’Organisation mondiale de la Santé a également été d’une importance vitale pour renforcer le mouvement émergent pour l’auto-prise en charge, parallèlement au soutien croissant de Bureau pour la population et la santé reproductive de l’USAID, de la Fondation Bill et Melinda Gates et du Département britannique pour le développement international.